Pendant l’aménagement de mon nouveau bureau, je suis installé provisoirement dans un open-space où « les filles », le vendredi soir, nettoient leur bureau à grands coups de bombes aérosols.
Pschiiiiitt, Pschiiiiitt, Pschiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiitt…
Une odeur âcre me pénètre les narines et me monte à la tête ; insupportable ! Je me précipite pour ouvrir la fenêtre proche pendant qu’elles s’éloignent avec le sentiment du devoir accompli : C’est vrai que les bureaux sont propres mais à quel prix pour l’environnement, surtout si l’on pense aux milliers, ou plutôt aux millions de secrétaires qui ont fait le même geste au même moment à tous les coins de la France…
En fait, je suis resté traumatisé par ces odeurs depuis que j’ai fait un stage en usine, quand j’étais étudiant, dans une grande fabrique de produits d’entretien où je faisais du reconditionnement de colis abimés, équipé huit heures par jour d’une combinaison, de gants et d’un masque : Si vous saviez, Mesdames, combien ces produits peuvent être agressifs, notamment pour les narines et les mains, quand ils ne sont pas dilués… Quarante ans après, l’odeur m’est toujours insupportable !
Le soir, je raconte ma mésaventure à Josette, surveillante d’un service (Aujourd’hui, on dit « cadre infirmier ») à l’hôpital ; elle me répond aussitôt :
- Et après, on s’étonne que le nombre d’allergies et de cancers augmente !
- Que veux-tu dire ?
- Je veux dire que c’est facile de nettoyer avec des produits agressifs ; mais ces produits, on les respire, on les touche et ils font des dégâts. Dans mon service, « les filles » ont arrêté d’utiliser ces produits et lavent les sols avec du savon. Pourtant, elles ont des formations, régulièrement, où on leur apprend à utiliser des produits « efficaces » qui demandent peu d’effort ; cela dure quelques mois jusqu’au jour où des études démontrent que le produit utilisé est cancérigène… Et on recommence la même formation en changeant le produit… jusqu’à la prochaine fois…
On n’en parle pas trop mais ceux qui travaillent à l’hôpital voient bien, depuis quelques années, que le nombre d’enfants atteints de cancers augmente régulièrement, que les malformations chez les nouveaux nés sont également plus nombreuses qu’autrefois sans parler des allergies en tous genres qui explosent, en particulier chez les enfants… La faute peut-être à une certaine alimentation industrielle, la faute aussi, sûrement, à la pollution et, particulièrement, aux pesticides que l’on retrouve souvent même dans les produits qu’on croyait naturels, comme les fruits.
Mais n’oublions pas quels sont les deux endroits les plus pollués de la terre, la voiture et la maison, et évitons d’abimer notre environnement proche en pensant, notamment, à nos enfants en bas âge qui apprennent à ramper, puis à marcher à quatre pattes, étapes indispensables et incontournables de leur développement : Vaut-il mieux qu’ils touchent, goûtent et respirent la saleté, en s’immunisant pour l’avenir – jusqu’à une certaine limite, bien sûr – ou des produits lessiviels répandus sur un sol « sur »propre (qui « sent bon le frais » – en fait des arômes chimiques) ? La vérité, bien sûr, comme toujours, est au juste milieu !
Je vais souvent en Afrique pour mon travail et je n’ai jamais vu, là-bas, un enfant souffrant d’allergie…
Donc, la prochaine fois que vous utiliserez un produit d’entretien, au lieu d’en rajouter une goutte, par peur de manquer (à mon avis, le fléau de l’humanité), au contraire, divisez la quantité par deux ! Le nettoyage sera aussi efficace, quitte à y ajouter un peu d’huile de coude, et même si les fabricants y perdent quelques sous, vous ferez du bien à la planète et surtout à vos enfants.
« Chacun peut changer les choses autour de soi » (Ted Kennedy)
Très bon article. Effectivement la pénurie d’allergies et de cancers ne viennent pas de nulle part et la pollution et les produits que nous utilisons au quotidien ne sont pas en reste. Il suffit de comparer avec les autres civilisations qui ne sont pas encore concernées.