Horace Fletcher était un businessman américain qui avait fort bien réussi dans les affaires.
Mais un jour, autour de la quarantaine, son assureur refusa de lui souscrire une police d’assurance en raison de son poids excessif (100 kg pour 1,65 m) ; ce qui ne surprit guère Horace Fletcher qui se sentait perpétuellement fatigué et accablé de problèmes digestifs…
Il décida de réagir et entreprit de maigrir en inventant sa propre méthode qui consistait principalement à mâcher chaque bouchée de nourriture jusqu’à la réduire à l’état liquide.
Il perdit trente kilogrammes et fut surnommé ‘Le grand masticateur ».
Peu à peu, il établit les règles de ce qu’on appela plus tard le Flétcherisme :
- Mâcher les aliments jusqu’à obtenir une masse pulpeuse ou liquide et laiteuse pour qu’ils s’avalent pratiquement tout seuls.
- Ne jamais manger avant d’avoir faim.
- Prendre plaisir à chaque bouchée en savourant le plaisir d’avaler.
- Ne pas manger lorsqu’on est fatigué, en colère ou anxieux et refuser d’aborder des sujets désagréables en mangeant.
Dans son livre publié en 1903, L’AB-Z de notre nutrition (On en trouve encore quelques exemplaires, en anglais, en cherchant bien), il expliquait comment compter les mouvements des mâchoires : la nourriture solide devait être mâchée pas moins de 100 fois avant d’être avalée. Tout ce qui ne pouvait être liquéfié devait être recraché. Quant aux liquides, il convenait de les faire circuler dans la bouche pendant 15 secondes. Fletcher recommandait même de peser ses excréments pour s’assurer de la qualité de la digestion.
Le fletchérisme devint rapidement une manière de vivre et fit de nombreux adeptes parmi lesquels on trouve des figures célèbres telles que John D. Rockefeller, Thomas Edison ou le romancier Upton Sinclair. On raconte qu’à cette époque, dans les dîners mondains, les invités étaient si occupés à mastiquer qu’il n’y avait quasiment plus de place pour la conversation.
Une publicité vivante
Horace Fletcher fut longtemps une publicité vivante pour son régime. Non seulement il avait maigri mais aussi, il avait retrouvé une forme physique impressionnante : En 1899, à l’âge de 50 ans, il parcourait à vélo des distances respectueuses de plusieurs dizaines de kilomètres (Les routes en ce temps-là n’étaient pas ce qu’elles sont aujourd’hui, les vélos non plus – le sien n’avait qu’une vitesse – et 50 ans était un âge déjà fort respectable).
Qu’en dit « la Science » ?
On ne faisait évidemment pas à l’époque d’études scientifiques comme on les fait aujourd’hui.
Pourtant, Fletcher avait mené ses propres expériences avec des militaires canadiens : Il demanda à la moitié du groupe de manger comme d’habitude, tandis que l’autre moitié appliquait les règles strictes du fletchérisme. Son étude montra que le groupe « Fletcher » avait maigri et que sa santé s’était améliorée.
Un professeur de Yale conduisit une étude sur le fletchérisme et conclut que les personnes qui suivaient ce régime voyaient leur force musculaire croître de 50%. Leur système immunitaire était renforcé, et la dépendance à l’alcool diminuée.
Aujourd’hui, on s’accorde à penser que le fletchérisme est évidemment efficace pour perdre du poids. D’abord parce qu’il est tellement fastidieux que les repas sont écourtés. Mais surtout, on sait aussi qu’il faut 15 à 20 minutes pour que le signal de satiété parti de l’estomac soit enregistré par l’hypothalamus. En situation normale, il faut 7 minutes à une personne pour avaler un hamburger, ce qui signifie que ladite personne a largement le temps d’en manger deux avant que son cerveau ne tire la sonnette d’alarme. Avec le fletchérisme, le signal intervient après le premier hamburger. La personne est rassasiée plus tôt, elle maigrit ! C.Q.F.D.
En conclusion
Le Fletcherisme est sûrement le régime le plus génial qui ait jamais été inventé ! Pour maigrir et pour retrouver la forme !
Mais « qu’est-ce que c’est chiant ! » m’a-t-on dit un jour. Je dirais qu’il est effectivement très fastidieux à suivre !
On peut au moins en retenir que plus on mâche, dans une ambiance favorable, mieux c’est ! C’est d’ailleurs le sens des propos de Ruth Kava, directeur de l’American Council on Science and Health (New York) qui plaide pour un retour au Fletcherisme, même adouci : « Même si vous ne mâchez que 15 fois chaque bouchée, cela rendra la nourriture plus digeste ».
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