Pendant longtemps, la psychologie s’est attelée à déceler, décrypter et soigner ce qui allait mal chez les gens. On partait donc du principe un peu négatif que la personnalité d’un individu était surtout définie par ses traumatismes et ses névroses, principe qui a atteint son apogée avec Sigmund Freud. Dans les années 1970, certains chercheurs ont pensé au contraire qu’il serait intéressant de mettre en avant les facteurs qui contribuaient à l’état de bien-être et au fonctionnement optimal d’un individu.
Dans cette perspective, la psychologie positive, née à la fin des années 1990, s’intéresse aux forces et aux valeurs qui animent un sujet, dans tous les secteurs de sa vie (vie personnelle, travail, famille, spiritualité…). En améliorant ses forces et ses valeurs, et notamment ses points forts, on contribue à renforcer son bonheur.
Martin Seligman est l’un des pionniers de la psychologie positive ; professeur à l’université de Pennsylvanie, il dirige depuis une quarantaine d’années le centre de psychologie positive à Philadelphie et s’intéresse au fonctionnement humain optimal qui vise à valoriser les facteurs permettant l’épanouissement des individus. Plutôt que de se focaliser sur la maladie ou le mal-être, il met l’accent sur l’origine d’une bonne santé psychologique.
Dans ce cadre, Martin Seligman a mené de nombreuses études destinées à comprendre ce qui favorise la santé ou la maladie, le bonheur ou le malheur. Ces études, étalées sur plusieurs décennies et portant sur des milliers d’individus, l’ont conduit à redonner vie à la vieille distinction entre individus « optimistes », qui voient plutôt le côté positif des choses et envisagent l’avenir avec confiance, et les « pessimistes », enclins à voir le côté négatif des choses et à s’inquiéter devant l’avenir.
Ces études, complétées par celles de nombreux autres chercheurs, ont montré que les «optimistes » réussissent globalement mieux que les « pessimistes » en tous domaines et sont ainsi beaucoup plus aptes au bonheur. Parce qu’ils ont confiance dans la vie et envisagent le futur avec sérénité, ils attirent en quelque sorte à eux davantage d’événements ou de rencontres positifs que les pessimistes. Ils bénéficient aussi d’une meilleure santé, sont huit fois moins sujets à la dépression, et jouissent d’une meilleure espérance de vie. Dans n’importe quelle situation difficile, alors que l’optimiste envisage une solution au problème, le pessimiste reste convaincu qu’il n’y en a pas ou que la situation critique va perdurer.
D’où vient alors que certains individus soient davantage optimistes et d’autres plus enclins au pessimisme ? Martin Seligman avance plusieurs facteurs, le principal étant la sensibilité de l’individu transmise par héritage génétique ou sociétal. Mais l’influence des parents et des enseignants n’est pas non plus à négliger, tout comme celle de l’environnement global et de la religion. Ainsi, certains peuples semblent plus optimistes que d’autres : c’est le cas des Américains, alors que les Français sont réputés figurer parmi les plus pessimistes du monde. L’influence des médias est aussi déterminante : ils peuvent entretenir une atmosphère anxiogène en faisant sans cesse leurs gros titres sur tout ce qui va mal.
S’il est probablement difficile à un individu naturellement « pessimiste » de devenir du jour au lendemain « optimiste », il est cependant loisible à chacun de nous d’atténuer le caractère négatif de ses croyances et de ses pensées : « Comme un Homme pense, ainsi est-il ! » (Bouddha)
Pourquoi ne pourrait-on prendre l’habitude de penser positivement ?